Sujet : L'anglais d'abord !
Date : 24/10/2004
De :   Francis Bernard (fmbernard@wanadoo.fr)

 

Voici quelques témoignages sur l'anglicisation en cours :

 

le 23 août 2004,  j'ai embarqué à Saint-Malo pour me rendre à Southampton à bord d'un bateau (dont j'ai oublié le nom bien français) de la Brittany Ferries qui malgré son nom est bien française.

À bord on vit à l'heure anglaise. Le personnel français vous adresse la parole dans un anglais souvent hésitant (pour ne pas être trop méchante) .

Les spectacles : -- magicien, chansons -- sont entièrement en anglais. Lorsque j'ai demandé s'il était possible d'avoir au moins un air français sur lequel on pourrait danser, la réponse fut négative, cela n'existe pas à bord. 

Quand j'ai demandé une explication, la réponse fut que les Anglais sont plus nombreux que les Français à utiliser ce transport.

La raison du plus fort est toujours la meilleure , non ?

 

Franciska,

espérantiste

 

 

Réaction de Tristan, Québec

Le problème n'est pas nouveau :  il a déjà été vécu depuis des années par les francophones utilisant les liaisons d'Air Canada (compagnie théoriquement bilingue), ce qui soulève régulièrement de grands débats au Québec. En effet, les consignes n'étant souvent données qu'en anglais, même sur les vols de Montréal, les passagers francophones sont gentiment priés de ne pas s'asseoir près des issues de secours où ils "gênent" le passage de ceux dont la vie compte davantage. Bref le Canada a beaucoup à nous apprendre en matière de problèmes linguistiques, à l'heure où les Européens les découvrent, voire les ignorent (souvent volontairement). Eux sont toujours empêtrés dans des discriminations, avec seulement deux langues.. Alors nous avons un beau tableau de discriminations en vue pour l'Europe !
Amikece,

 

Tristan,

espérantiste

tdenechaud@yahoo.ca



On pourrait comprendre d'après cela que l'ordre "Les femmes et les enfants d'abord !", par exemple lors de naufrages, est périmé et est remplacé par  "Les anglophones d'abord !"
Autre témoignage de Jeanne-Marie Cash , épouse d'un espérantiste originaire des États-Unis d'Amérique vivant à Toulouse :

J'apporte cet autre témoignage. Sur le vol KLM de Toulouse à Amsterdam du 22 juillet 2004, toutes les informations, y compris de sécurités, ont été données en anglais et néerlandais uniquement. Cela n'a paru poser problème à personne, et semblait tout à fait habituel.
Idem sur le vol Amsterdam-Toulouse du 23 août, de la même compagnie.
Pourtant, KLM a parait-il fusionné avec Air-France ?

Jeanne-marie CASH
rcash@free.fr

 

 

Il se peut effectivement que ça ne paraît pas poser de problème sur certains vols utilisés par une proportion importante d'usagers connaissant plus ou moins l'anglais (Toulouse est la capitale européenne de l'aéronautique). Mais si une seule personne ne le comprend pas et entrave malgré elle le bon déroulement des consignes de sécurité dans les situations d'urgence, que se passe-t-il ? Et puis, en général, ceux qui ne comprennent pas se taisent par crainte de paraître ridicules. C'est vrai aussi en politique, dans les colloques scientifiques et en diverses circonstances, lorsque manque une bonne capacité d'expression. Ainsi, seuls les maîtres jouissent du plein droit d'expression.  Et quand vous pensez "maîtres", il suffit de voir la tronche de celui qui a découvert Dieu au fond d'une bouteille d'alcool* et de ses acolytes. Quelle tuile pour Dieu, quelle croix à porter !

 

* allusion à Doublevé Bush