Ce classement qui place les universités françaises
et européennes à la traîne
Dur, dur. Le nouveau classement des facs par matière
(médecine, mathématiques, informatique, sciences sociales et
sciences de la Terre) de l'université Jiao Tong de Shanghai se
révèle une fois de plus cruel pour les facs françaises.
Dans la catégorie «sciences sociales», le top 100 ne
comprend aucun établissement français. Dans le secteur de la
médecine, le tableau est un peu moins noir, avec le classement de
Paris-V entre la 76e et la 107e place… ex æquo, donc, avec une
trentaine de ses consœurs étrangères.
Un peu plus forts en maths
C’est dans le domaine des mathématiques et des
sciences naturelles que les facs françaises s’en sortent le mieux,
avec l'université Paris-XI en 25e position, suivie par Paris VI en
31e place. L'École normale supérieure (39e) et Strasbourg-I (entre
la 52e et la 76e place) font également bonne figure parmi les cent
premiers établissements de leur catégorie.
Mais devant la liste immense des universités
américaines (Harvard et Stanford, notamment), qui caracolent en tête,
le cru français paraît morose. Au total dans les « top 100 » de
chaque catégorie, les facs de l’hexagone apparaissent neuf fois …
contre 308 pour les américaines !
Un retard, d’ailleurs, qui n’est pas seulement
français mais plus largement européen: le «vieux continent» a deux
fois moins de « primés » dans le top 100 des catégories des sciences
naturelles et mathématiques ou dans le secteur médical, que le
continent américain. Dans le domaine de la technologie et des
sciences informatiques, l’Asie devance l’Europe.
Il est vrai que les critères retenus pour le
classement, basés sur « leurs performances dans le domaine
académique et de la recherche » (nombre d'élèves ou d'enseignants
ayant reçu des prix Nobel, importance des travaux de recherche
publiés en langue anglaise, etc.) devant la prise en compte de
l’insertion professionnelle ne favorisent pas les facs françaises.
Le classement n’en reste pas moins un cruel revers.
Appel au débat
Ch. L
Source : 20Minutes.fr, éditions du 27/02/2008
http://www.20minutes.fr/article/215748/France-Ce-classement-qui-place-les-universites-francaises-et-europeennes-a-la-traine.php
Réaction de Charles Durand :
Il faut comprendre que, la plupart du temps, les étudiants étrangers
sont une mine d'or pour les universités qui arrivent à les attirer.
Les frais d'inscription sont souvent plus élevés pour les étudiants
étrangers que pour ceux qui sont basés localement. D'autre part, il
est prestigieux d'avoir des étudiants étrangers qui feront ainsi de
la publicité directement ou indirectement auprès de leurs
concitoyens.
Dans ce marché extrêmement juteux, les universités anglo-saxonnes
ont tenu le haut du pavé pendant longtemps. C'est encore le cas avec
les universités australiennes, qui ratissent large en Asie du
sud-est. Cependant, les universités étasuniennes n'attirent plus les
étudiants étrangers autant qu'autrefois. La politique étrangère
étasunienne a joué un grand rôle dans cette désaffection et il en
est de même pour les universités anglaises. D'autre part, il
semblerait que, dans un nombre croissant de pays, les autorités
veulent rendre plus internationale l'offre universitaire étrangère
en invitant des universités étrangères à installer des campus chez
eux. De plus, leurs élites les plus perspicaces se rendent comptent
d'un affaissement de la qualité de l'offre anglo-saxonne,
particulièrement aux États-Unis
et qui va de pair avec l'affaissement total de la qualité de
l'enseignement secondaire, un phénomène qui a commencé dans les
années 60. Bien qu'il existe encore incontestablement des centres
d'excellence, une grande université ne peut pas prospérer très
longtemps dans un environnement intellectuel globalement médiocre.
Le déclin universitaire étasunien est bien réel et perçu clairement
comme tel par ceux qui sont les mieux informés et qui ont la
possibilité de faire des comparaisons par eux-mêmes, sans passer par
ce fameux « classement de Changhaï
».
Pour toutes ces raisons, plusieurs pays ont encouragé chez eux la
création de succursales d'universités étrangères. En ce qui concerne
la France, je ne suis pas totalement dans le secret des dieux mais
je sais qu'il existe déjà la Sorbonne d'Abou Dhabi, qu'un projet
d'université de technologie française doit se monter au Pakistan, à
la demande des Pakistanais, et qu'un projet similaire doit se
réaliser à Changhaï à la demande des autorités chinoises ! La
France n'est bien sûr pas le seul pays à être dans ce cas. Des pays
comme la Suède, l'Italie, l'Allemagne, le Japon et la Corée du sud
ont été également sollicités.
La propagande du style « classement de Changhaï
» est donc clairement
une arme de guerre pour miner le prestige universitaire des pays non
anglophones. IL NE FAIT AUCUN DOUTE QUE CETTE INITIATIVE A ÉTÉ CRÉÉE
ET FINANCÉE PAR LES
ANGLO-SAXONS, à travers diverses façades et, dans le cas présent, à
travers diverses organisations chinoises interposées.
Cependant, toutes les universités non anglo-saxonnes sont
terriblement vulnérables à ce type de propagande pour la seule et
simple raison qu'elles reconnaissent explicitement ou implicitement
l'anglais comme seule langue de communication internationale pour la
recherche et ce faisant, elles doivent ainsi jouer un jeu dont les
règles ont été écrites par les anglo-saxons, comme je l'ai bien
expliqué dans mon petit ouvrage intitulé
« La mise en place des
monopoles du savoir ». Tant que les critères anglo-saxons seront
appliqués pour l'évaluation de la recherche, ET IL NE PEUT EN ÊTRE
AUTREMENT TANT QUE L'ON RÉDIGE
DES PUBLICATIONS EN ANGLAIS, il est probable que les évaluations
faites par le biais de ces critères apparaîtront automatiquement
défavorables aux non anglo-saxons. Là encore, se référer à
« La mise
en place des monopoles du savoir » où j'explique les liens de cause à
effet.
Ce qui est sûr, c'est que si on arrive à faire sentir à un homme, à
une organisation ou à un pays qu'il est
« inférieur », il n'y a pas à
se faire du souci par la suite car cet homme, cette organisation ou
ce pays se placera PAR LUI-MÊME en position d'infériorité, dans une
situation potentiellement concurrentielle. Le petit malin qui aura
ainsi sécurisé sa position dominante continuera à bénéficier de ses
privilèges. Il continuera à s'approprier les richesses du dominé en
attendant, pourquoi pas, de mettre sa femme ou sa fille dans son
lit. Ainsi va le monde depuis la nuit des temps...
Mais, quand on réussit ce coup là avec des soi-disant intellectuels,
des soi-disant « universitaires de haut niveau
» et des hauts
fonctionnaires du style de ceux qui nous gouvernent et qui ne
tarissent pas leur allégeance aux Étatsuniens,
alors, il est peut-être temps de se demander comment ces
«aélitesa»
sont arrivées aux postes qu'elles occupent !
Charles Durand
Réaction d'Aleks :
Un article sur le classement de Shanghai, qui a donné l'occasion à
la France et aux Français de pratiquer comme ils l'aiment un
exercice d'auto-flagellation, de masochisme, d'à-plat-ventrisme :
« les universités françaises sont les plus nulles au monde, c'est
normal...»
AK