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« Les Français sont atteints de la rage de ne pas parler leur langue »

En France, à Paris, dans le palais du Louvre, au Musée des arts décoratifs, une grande exposition sur la mode française est intitulée, en anglais seulement, « Fashion Forward ».

C’est grotesque, et c’est grave aussi. Je proteste en tant que citoyen français, mais surtout en tant que citoyen du monde (mon métier me permet de voyager, et j’apprécie bien des pays, qui ne doivent pas s’effacer). Vous n’avez pas le droit de participer à l’éradication d’une des séduisantes civilisations du monde ni de décevoir ce monde. La France est le pays le plus visité de la planète, on n’y vient pas pour entendre de la langue anglaise ni vivre dans une imitation anglo-américaine. Bien sûr, la grande langue anglaise est la très bienvenue − en sous-titre.

Notez que l’incompréhension anglaise de la langue française a ses limites. Outre des termes célèbres que tout le monde connaît, comme « la mode », bien des mots sont communs, ou proches, dans les deux langues (la moitié de l’anglais vient du français et du latin − latin souvent transmis par le français). Ajoutons que la plupart des voisins de la France sont de langue romane (avec 450 millions de locuteurs à travers le monde). L’anglais sans français est alors plutôt un inconfort qu’une aide.

Je me permets une anecdote personnelle sur l’utilisation de l’anglais par les Français. Je fais des films. J’ai l’honneur d’être distribué au Japon par un studio prestigieux d’auteurs que j’admire. Ils ont dernièrement soumis l’affiche japonaise d’un de mes ouvrages au distributeur français et au réalisateur, avec leur courtoisie habituelle. C’était l’affiche française telle quelle, avec quelques lignes ajoutées en japonais. Le distributeur français, un des plus importants, un ténor du cinéma français, avec expérience et connaissances, mais français, a immédiatement envoyé ses instructions : enlever tout le français et le remplacer par de l’anglais. Nos interlocuteurs ont alors demandé la permission de conserver le français, pour vendre mieux.

Épreuve humiliante

Car ceux qui ont décidé du titre « Fashion Forward » n’ont probablement pas tellement pensé aux anglophones, ils ont d’abord visé les Français.

Les Français sont atteints de la rage de ne pas parler leur langue. Tout est barbouillé d’anglais ou de pseudo-anglais. Noms de société, marques, émissions, vitrines, galimatias dans les médias, publicités de toutes sortes. Une promenade dans une ville française en compagnie d’un étranger est une épreuve humiliante. Un ami qui pratique la France depuis très longtemps, considérant tout cet anglais à tort et à travers, m’a dit : « Dans le temps, le citoyen français était considéré comme un coq arrogant, aujourd’hui c’est un singe sans fierté. » J’ai même vu une boulangerie qui se dénommait en anglais (en mauvais anglais – c’est un autre point, connaître d’autres langues : si ce boulanger parlait bien anglais, il trouverait le mot « boulanger » très satisfaisant). Cette « boulangerie » en anglais atteint le même abîme absolu que « mode » en anglais au Musée des arts décoratifs de Paris (le ministère de la culture siège au conseil d’administration).

Il est bien normal d’utiliser, de temps à autre, un terme étranger pour rêver d’herbe plus verte ailleurs, ou de se gargariser d’un mot qu’on ne comprend pas tout à fait et qui s’irise d’autant plus, et il est bon d’adopter des termes nouveaux qui complètent la langue. Mais il ne faut pas que le Japon ne parle plus japonais, que l’Italie ne parle plus italien, que le Brésil ne parle plus brésilien, que l’Islande ne parle plus islandais, que la France ne parle plus français. Il ne faut pas appauvrir le monde, et il faut avoir confiance en soi.

Michel Ocelot, réalisateur, auteur des films d’animation Kirikou, Les Contes de la nuit (2011), Azur et Asmar (2007)

Source : lemonde.fr, le dimanche 3 juillet 2016

 

Claire Chazal et la FASHION FORWARD !

Et nos journalistes, se questionneraient-ils sur le pourquoi du nom anglais de cette exposition, s'il s'avèrait qu'il ait à parler de cet évènement ?

- Pas sûr, pas sûr du tout, même !

Claire chazal, par exemple, qui a eu l'occasion de parler de la "Fashion Forward" (voir la vidéo, ci-après), n'a rien dit à l'antenne du caractère anglais de cette dénomination, cette anglomanie lui a passé dessus comme si de rien n'était.

Et pourtant, cette dame a eu le Prix Richelieu en 2003...

Le Prix Richelieu récompense chaque année, depuis 1992, un(e) journaliste de la presse écrite ou audiovisuelle qui "aura témoigné, par la qualité de son propre langage, de son souci de défendre la langue française". La lauréate 2003 fût Claire Chazal.

(...) Ce n'est pas seulement pour son charme que notre association (DLF) a décidé de conférer son prix Richelieu à Mme Claire Chazal, encore qu'elle le méritât bien pour cela, mais parce qu'elle est un peu, dans son genre, une héroïne. Je veux dire qu'elle se sert impavidement de la langue française dans l'endroit au monde où c'est le plus inattendu, à savoir la télévision, inlassable productrice de cuirs, de pataquès, de tautologies, de barbarismes, de solécismes, d'américanismes traduits mot à mot, de charabia international. Lorsqu'elle est, comme on dit, à l'antenne, le téléspectateur est sûr qu'il n'entendra pas une de ces horreurs linguistiques qui rendent la vie si amère pour les âmes sensibles du XXIe siècle.

Eh bien, Madame, pour ces quelques raisons que je viens d'exposer et une trentaine d'autres qui seraient peut-être longues à énumérer, je vous prie d'accepter une des décorations les plus enviables qui puissent être attribuées de nos jours : le prix Richelieu pour l'année 2003.

Jean DUTOURD de l'Académie française

Source : partie de l'éditorial de la revue Défense de la Langue française n° 208


Et si on demandait alors à Appoline de Malherbe, journaliste à RMC ?

Apolline de Malherbe est une journaliste qui travaille à RMC avec Jean-Jacques Bourdin, alias Bourdin and Co, elle le remplace lorsque celui-ci part en congés.

Je suis allé sur son compte-touiteur pour lui envoyer un message, mais, stupeur, dès que sa page s'est ouverte, j'ai compris qu'avec Appoline, lutter contre l'anglomanie, ce ne serait pas gagné non plus.

Pour vous en rendre compte par vous-même, regardez bien la photo de la page d'introduction de son compte-touiteur (voir la capture d'écran, ci-contre) et notez toutes les traces d'anglomanies qui l'affectent, vous comprendrez dès lors, que parler à cette dame de la lutte contre l'anglicisation, ne sera pas chose facile. Ce sera même carrément, une chose impossible !

Nos journalistes seraient-ils alors tous corrompus, tous vendus à la langue et à la pensée uniques, seraient-ils déjà tout TAFTAïsés ?

 

Peut-être TF1, alors ?

J'ai envoyé alors un courriel à Madame Constance Desjonquères, une dame qui  s'occupe de la publicité sur TF1.

Je lui ai envoyé un courriel dans l'espoir qu'elle veuille bien faire un peu de publicité au communiqué commum qu'ont fait des associations de défense du français (l'Afrav en fait partie) au sujet de la place de la langue anglaise dans l'UE, alors que la Grande-Bretagne a décidé de quitter l'Union :

Le BREXIT, une occasion de rompre avec le tout-anglais en Europe !

Cette dame étant absente, j'ai reçu une réponse automatique en bilingue français-anglais (voir la capture d'écran, ci-contre).

Bien évidemment, cela m'a donné l'impression que chez MY TF1, on était vendu quelque peu à l'anglais, puisque, comme par hasard, la langue choisie pour servir de béquilles au français - pas assez puissant, apparemment, pour tenir tout seul la place -, était l'anglais. 

Mauvais signe, me suis-je dit, pour demander à cette dame de nous aider en matière de lutte contre l'anglicisation, que ce soit pour dénoncer la suprémacie de la langue anglaise au sein de l'UE ou que ce soit pour condamner l'appellation Fashion Forward du musée des Arts décoratifs de Paris  !

 

Que faire alors ?

Que faire alors ?

Eh bien, tout simplement, aller coller des autocollants sur tous les panneaux Fashion Forward que vous rencontrerez lors de vos déplacements à Paris.

Je n'habite pas Paris, c'est vrai, alors je propose à ceux qui habitent cette belle ville, et à ceux qui ont l'intention de s'y rendre, d'aller coller des autocollants de protestation sur les affiches et publicités aux couleurs anglaises de la publicité Fashion Forward  du Musée des Arts décoratifs de Paris.

Adressez-moi un courriel (ravat@aliceadsl.fr), je me ferai un plaisir alors de vous envoyer gracieusement des autocollants.

La mode maintenant, puisque politiciens et médias ne veulent pas parler de l'anglicisation, c'est de coller pour ne pas se faire arracher notre langue !

 




Publié par Régis RAVAT le 05 juillet 2016

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