Collectif des associations de
défense
et de promotion de la langue
française
et des langues nationales
d’Europe
Association
Francophonie Avenir (AFRAV), Association pour la Sauvegarde
et l’Expansion de la Langue française (ASSELAF),
Avenir de la
Langue Française (ALF), Cercle littéraire des écrivains
cheminots (CLEC),
Droit de
Comprendre (DDC), COURRIEL, Forum francophone international
(FFI-France),
Institut
Culture, Économie, Géopolitique (ICEG)
Novembre 2014
Madame, Monsieur le
(député/sénateur),
La loi du 4 août 1994 sur
la promotion de la langue française, dite loi Toubon, a été
votée par le Parlement voici vingt ans. Dans l’esprit de
l’article II de la Constitution, qui dispose que « la langue
de la République est le français », cette loi définit, dès
son premier article, le français comme « un élément
fondamental de la personnalité et du patrimoine de la
France » et pose que le français est « la langue de
l’enseignement, du travail, des échanges et des services
publics ». Elle ajoute, en son article II, que « dans la
désignation, l’offre, la présentation, le mode d’emploi ou
d’utilisation, la description de l’étendue et des conditions
de garantie d’un bien, d’un produit ou d’un service, ainsi
que dans les factures et quittances, l’emploi de la langue
française est obligatoire. »
Cette loi, qui garantit l’unité
du Peuple Français et la vitalité de sa démocratie, s’est
révélée précieuse pour le rayonnement de notre langue
nationale, qui est aussi celle de la Francophonie
internationale. Mais elle est à présent très souvent
contournée, voire violée, par ceux que l’on ne peut guère
désigner que comme des « délinquants linguistiques ».
Prenant prétexte de l’importance de l’anglo-américain dans
les affaires économiques, les partisans d’un
libre-échangisme européen et mondial sans limite tendent
méthodiquement à imposer partout une pensée et une langue
uniques. L’ensemble de l’espace de notre pays, et même
l’intimité mentale de nos concitoyens (le tristement fameux
« temps de cerveau disponible ») sont envahis par des
slogans répétitifs en langue étrangère. Des mises en demeure
sans cesse répétées enjoignent aux Français d’abandonner
leur langue. Si elle se produisait, cette évolution serait
mortelle pour l’avenir de la diversité culturelle et de la
civilisation.
Malgré les effets positifs de la
loi, il y a donc lieu plus que jamais de s’alarmer de
l’avenir de notre langue. Il suffit d’allumer son téléviseur
aux heures de grande écoute (pardon, de « prime time » !),
pour constater que les publicités et les messages en
anglo-américain dominent outrageusement, et que nombre de
nouveaux chanteurs français chantent - ou s’imaginent
chanter - en anglais. Il suffit de parcourir une rue pour
constater qu’un nombre grandissant d’enseignes sont écrites
en anglais. Même dans les services publics et les EPIC
pilotés par l’État,
des fonctionnaires publics ont imposé depuis quelques années
des noms en anglais : « Family TGV », « France is in the
air »... Dans leur communication, les directions de la
SNCF, d’Air-France (devenue
« Airfrance »), d’Orange (ex-France-Télécom), etc.,
privilégient outrancièrement l’anglais ou le franglais, y
compris pour s’adresser aux Français et aux autres
Francophones sur le territoire national !
Pis encore, les dirigeants de
maintes universités et établissements d’enseignement
supérieur imposent l’usage de l’anglais dans l’enseignement,
ce que la récente loi Fioraso a bel et bien avalisé en
instituant l’anglais comme langue normale de l’Université et
de la Recherche en France. Les réformes successives des
programmes du lycée tendent à imposer des enseignements en
anglais, et l’immersion en anglais des enfants de France est
même proposée dès l’école maternelle, alors qu’ils ne
maîtrisent pas encore le français ! C’est pourtant la
mission de l’école, qui est le premier service public de
France, que de transmettre la langue nationale, patrimoine
culturel de la Nation selon l’article 75 de la Constitution.
Face à ces abus imposés sans
l’aval du Peuple Souverain, et au mépris de sa dignité, les
autorités compétentes restent largement passives, et ne font
pas appliquer la loi, quand elles ne sont pas elles-mêmes à
la pointe de l’anglicisation.
Un autre grave sujet
d’inquiétude est le projet de ratification parlementaire de
la très anticonstitutionnelle et antirépublicaine Charte
européenne des langues minoritaires et régionales. Les
langues régionales doivent certes être protégées,
puisqu’elles sont, elles aussi, constitutives du patrimoine
culturel de la France, mais sans porter atteinte au primat
de la langue officielle et commune, garante de l’unité
nationale et de la paix civile.
Or cette charte, en tendant à instituer la co-officialité
de langues de territoires avec la langue nationale, ne
pourrait que porter atteinte au droit de tous à connaître
les actes publics (délibérations municipales, jugements,
etc.). La langue nationale serait ainsi prise en tenaille
entre le tout-à-l’anglais des affaires, massivement promu
par les milieux économiques dominants ainsi que par l’Union
européenne, et les revendications régionalistes, voire
séparatistes, fondées sur un dévoiement de l’usage des
langues régionales, encouragé lui aussi par l’Union
européenne. Avec la langue nationale, c’est l’unité de la
Nation elle-même qui est menacée.
Des détenteurs d’influence,
comme certains chefs d’agences publicitaires ou dirigeants
d’entreprises supranationales, ne cachent pas leur volonté
de faire basculer notre pays rapidement au tout-anglais,
afin de dissoudre notre nation dans la mondialisation
anglo-saxonne, avec tout ce que celle-ci comporte de
vassalisation économique, sociale, culturelle, géopolitique
et militaire. La preuve la plus récente est le secret qui
entoure les négociations menées sans mandat démocratique
- et exclusivement en anglais -, par l’Union européenne, sur
le projet de Grand Marché Transatlantique, dit
« TAFTA » (en
anglais !). Nombre de nos concitoyens, de convictions
politiques très diverses, estiment qu’un tel traité, en
imposant le libre-échange sans limite, entraînerait la ruine
de l’industrie française, la fin de nos services publics, la
destruction de nos acquis sociaux, et aussi le naufrage
inévitable de l’exception culturelle. Des garanties de pure
apparence, transitoires et révocables, ne retarderaient qu’à
peine l’abandon de toutes les langues nationales de
l’Europe. L’Histoire et l’expérience politique récentes
prouvent en effet que l’Union européenne n’a jamais observé
ses engagements de respecter l’identité culturelle des États
membres. Bien au contraire, elle cède toujours à la pression
des milieux économiques dominants – voire de la puissance
mondiale dominante -, et promeut systématiquement l’anglais
comme langue officieuse de son administration. Lorsque les
peuples se seraient, bon gré mal gré, accoutumés à cette
relégation de leur langue, le français, l’allemand,
l’italien, etc., le projet est clairement d’imposer
l’anglais comme langue officielle de la future « Union
transatlantique ».
Dans l’exercice de leur mission
de veille linguistique, les associations de défense et
promotion de la langue française constatent ainsi chaque
jour que la France est soumise à un arrachage linguistique
insidieux, qui n’est jamais soumis au débat démocratique
national.
Aussi le devoir leur impose-t-il
d’alerter les Français et les pouvoirs publics sur des
écrits récurrents, émanant de milieux proches des grandes
affaires, qui demandent l’« assouplissement » de la loi
Toubon, dans tant de domaines que le but véritable est de
l’abroger. Pourtant - tout au rebours de ces appels à
l’incivilité -, la lucidité sur le devenir du monde, le
souci de la cohésion sociale, l’intérêt national, tout en un
mot indique au contraire que la vitalité de la langue
nationale est indispensable à notre avenir. C’est donc le
devoir de la Représentation Nationale que d’imposer le
respect de cette loi et même de la renforcer.
Certes, des parlementaires dont
les engagements politiques diffèrent s’unissent pour faire
leur devoir envers la langue française, qui est l’un de
leurs principaux outils de travail. Nous saluons par exemple
la proposition du sénateur Philippe Marini, votée par le
Sénat - mais non mise à l’ordre du jour de
l’Assemblée -, les interventions fréquentes de M. Jacques
Myard, la demande – non satisfaite à ce jour -
de M. Jean-Jacques Candelier de mettre en place une
« Commission d’enquête parlementaire sur la situation
linguistique de la France », ou encore l’action persévérante
de M. Pouria Amirshahi contre l’article II du projet de loi
Fioraso, et en faveur d’une vision généreuse et dynamique de
la Francophonie.
Mais il faut agir bien plus
résolument, tant l’invasion et la substitution linguistiques
s’aggravent dans notre pays et dans
d’autres pays francophones.
C’est pourquoi nos associations
proposent des actions urgentes et indispensables :
- Refuser le projet funeste de
substituer l’anglais au français dans l’enseignement
supérieur. Sous le prétexte d’attirer des étudiants
asiatiques qui paieraient pour venir étudier en anglais dans
les établissements d’enseignement français, ce projet
illusoire, mis en avant par des universitaires et des
politiciens peu nombreux mais influents, porterait un coup
fatal à la vitalité intellectuelle en France, creuserait un
fossé entre les classes sociales, trahirait les nombreux
pays qui nous font l’honneur de partager l’usage de notre
langue, affaiblirait sans recours notre influence
internationale et ruinerait la Francophonie. Ce calcul
mercantile à courte vue aurait sans nul doute les
conséquences sociales, économiques, politiques et
culturelles les plus désastreuses, dont les générations à
venir nous reconnaîtraient à juste titre comme les
coupables.
- Maintenir et renforcer la loi
Toubon ; exiger que le Pouvoir Exécutif s’explique devant la
Représentation Nationale à propos des innombrables
manquements non sanctionnés, voire encouragés, à son sujet.
- Compléter cette loi afin que
les infractions linguistiques signalées par de simples
citoyens ou par les autorités compétentes, et dûment
constatées et prouvées, donnent lieu à de lourdes amendes
qui pourraient alimenter un fonds d’État pour la défense et
la promotion du français selon le principe
« pollueurs = payeurs ».
- Organiser très bientôt au
Parlement, avec le concours du service public de
l’audiovisuel, un vrai débat sur l’avenir de la langue
française, patrimoine commun de tous les Français.
- Refuser de voter les lois de
finances qui comporteraient des coupes dans les budgets de
l’action pour le français en France, ainsi que de l’action
culturelle extérieure de la France.
Ces décisions marqueraient la
volonté des parlementaires de ne pas abandonner le pays à
des coteries qui ne visent que leurs intérêts à court terme.
Vous remerciant de votre
attention et restant à votre disposition pour toute
rencontre ou précision, nous vous prions d’agréer, Madame,
Monsieur le (...) nos salutations citoyennes les plus
cordiales, et indéfectiblement francophones.
Association
Francophonie Avenir (A.FR.AV )
http://www.francophonie-avenir.com)
Régis RAVAT,
Président
Association pour la
Sauvegarde et l'Expansion de la Langue
française (AS.S.E.LA.F.)
http://www.asselaf.fr/
Philippe de SAINT
ROBERT, Philippe LOUBIÈRE,
Président, écrivain Administrateur
Avenir de la
Langue Française (A.L.F.)
http://www.avenir-langue-francaise.fr/)
Albert SALON,
Christian DARLOT
Président, ancien
ambassadeur Administrateur, docteur ès
Sciences
Cercle Littéraire des
Ecrivains Cheminots (C.L.E.C.)
http://www.clec-asso.fr/)
Maurice LE LOUS, vice-président
Collectif Unitaire
Républicain pour la Résistance, l’Initiative et
l’Émancipation Linguistique (CO.U.R.R.I.E.L.)
http://www.courriel-languefrancaise.org/ -
http://www.defenselanguefrancaise.org/
Georges GASTAUD,
Mathieu VARNIER,
Président, professeur de
philosophie Administrateur
http://droit-de-comprendre.perso.neuf.fr/index.php
Marc FAVRE d’ÉCHALLENS,
Président
Forum
francophone international (F.F.I.-France)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Forum_francophone_international-France)
Albert SALON,
Président
Institut
Culture, Économie, Géopolitique (I.C.E.G.)
http://asso-iceg.fr/ICEG/ICEG_2009.html)
Yves MONTENAY,
Président, ancien chef
d'entreprise