Mesdames
les
Députées,
Messieurs les Députés,
Le 22 mai au Parlement doit s’ouvrir le débat
sur le projet de loi présenté par Mme Geneviève
Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
(MESR).
Au nom des
associations de
promotion du français, j'ai l'honneur d'attirer à nouveau
votre attention toute particulière sur l'article 2 dudit projet
de loi.
Par
nos associations comme
par les réactions qu'il a suscitées en France et hors de nos
frontières, vous savez déjà
pourquoi il nous paraît, dans nos universités et grandes
écoles d'abord, vider en fait de sa substance la législation
française de protection de la langue de la République, en
violation effective d'un autre article 2, celui de la
Constitution qui dispose :
«
La langue de la
République est le français ».
Il n'irait
plus de soi qu'en France les établissements publics de formation
enseignent en français.
Il s'agirait
là, maintenant, d'un changement
de langue voulu, discret, mais radical.
Nos
associations de promotion du français et de la Francophonie ont
réagi toutes ensemble. Sept d'entre elles, lors d'un entretien
du 16
octobre 2012 au MESR, avaient déjà été édifiées par le
peu de cas fait devant elles de la loi Toubon. Elles avaient, du
reste, été invitées à présenter, comme à un juge, une sorte de «
mémoire en défense ». Elles ont alors élaboré et signé le
Mémoire «
Sciences et langue française »,
solidement argumenté, parvenu au ministère donneur d'ordre juste
avant la découverte, en
janvier 2013, de ce qui était alors l'avant-projet de loi
Fioraso. Or, son article 2 venait couronner les efforts de tous
ceux qui, depuis le début du quinquennat précédent,
s'efforçaient d'écarter l'obstacle de la loi Toubon pour pouvoir
enfin enseigner « en langues étrangères et renforcer ainsi l'
"attractivité" (sic) du territoire ».
Depuis lors,
l'Académie française, l'Académie des Inscriptions et Belles
Lettres, l'Académie des Sciences d'Outre-mer,
l'Académie de Rouen,
ont, dans leur langage mesuré, mis en garde contre les graves
conséquences de cette disposition. Des mouvements politiques ont
lancé des pétitions qui ont, malgré l'aridité du sujet,
recueilli bien plus de 10 000 signatures. De nombreux organes
audio-visuels et de la presse écrite, hebdomadaires tel le
Canard enchaîné,
l'Express, Marianne, Valeurs Actuelles, Le Point, et
les plus grands quotidiens (Libération,
La Croix, Le Figaro le 18 avril, Le
Monde le 26 avril ,
) ont ouvert leurs colonnes aux réactions hostiles au projet. M.
Pouria Amirshahi, député
socialiste des Français
de l'étranger, président de Commission, a exprimé courageusement
son opposition et groupé autour
de lui une quarantaine de députés socialistes ou proches.
Vous avez lu les avis très tranchés de très hautes
personnalités, de MM. Chevènement et Michel Serres à M. Jacques
Attali ( « difficile
d'imaginer une idée plus stupide, plus contre-productive, plus
dangereuse et plus contraire à l'intérêt national »)
et à M. Bernard Pivot, aux
professeurs au
Collège de France MM. Antoine
Compagnon et Claude Hagège
(« acharnement », « suicidaire »...).
Hors de nos
frontières, nos compatriotes conscients, partout où ils œuvrent,
de la voix de la France et de nos atouts à préserver, mais aussi
nos amis étrangers, profondément étonnés, se sont émus et
mobilisés au secours de notre langue. Au nom de toute l'Organisation
internationale de la Francophonie (OIF), son Secrétaire
général M. Abdou Diouf, ancien Président de la République
du Sénégal, a envoyé dès mars
une lettre remarquable au Premier Ministre de la France. Des
chefs d'État et de gouvernement de pays francophones, en
Afrique, au Québec, ailleurs, s'émeuvent au point, pour
certains, de téléphoner directement au Président de la
République ou à son Premier Ministre.
En fait,
tout le monde sent bien - Mme Fioraso l'a presque reconnu entre
les lignes de sa défense peu convaincante dans Le Nouvel
Observateur, puis
dans le Monde du 8 mai avec l'aide de plusieurs savants
prestigieux partisans de l'anglais - qu'il ne s'agit même
plus de concourir pour l'accueil de quelques étrangers
supplémentaires (la France, avec plus de 200 000 étudiants non
français, est déjà dans les
premiers pays d'accueil, en français pour l'essentiel !),
mais de passer à l'anglo-américain - au "globish-pour-tous"
- comme langue de l'enseignement supérieur,
aussi pour les francophones tant étrangers que français,
en attendant d'étendre nécessairement ce méfait au secondaire,
puis au primaire, à la maternelle...
Il
s'agit du changement, maintenant, de langue. Il s'agit
de soumission, non plus spontanée,
lente, au cours de
siècles, aux Romains du moment, mais de reddition brutalement
décidée, hic et nunc, par des clans minoritaires de
mauvais bergers, à l'oligarchie mondialisée. Le "Bundespräsident"
M. Joachim Gauck ne le recommandait-il pas lui aussi le 22
février au peuple allemand et aux peuples européens, dans un «
Discours à la Nation allemande » fort différent des "Reden an
die deutsche Nation" de Fichte en 1807 ?
Globish,
quand tu nous tiens !...
Une France
fidèle à elle-même, et aux amis qui, un peu partout, croient
encore en elle, ne peut que refuser cet alignement général,
cette « diminitude », cette «
déconstruction »,
ce suicide.
À partir du
22
mai 2013, comme dans les « heures sombres » de juin-juillet
1940, les élites françaises, au premier chef tous les
représentants élus de la Nation, sont placés devant leurs
écrasantes responsabilités.
Ils ont avec
eux le sentiment profond du peuple, qu'il ne faut plus tromper.
Du courage ! Haut les
cœurs ! Ne laissons pas passer
ce funeste article de loi !
Albert
Salon, docteur d'État ès lettres, ancien
ambassadeur, commandeur du Mérite, président et administrateur
d'associations de promotion du français et de la Francophonie.
Pièces
jointes pour vous aider à compléter votre information :
- le Mémoire sur Les
sciences et le français remis en
janvier 2013 par sept associations au
ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, ainsi
qu'à l'Élysée et aux ministres de la Culture et de la
Francophonie (Voir
le document au format PDF) ;
*************************
- la réponse de MM. Jacques
Maillard et Christian Darlot, chercheurs au CNRS, à la position
exprimée par des savants "pro-langue anglaise" dans Le Monde
du 8 mai ;
Réponse à l'article de MM
Fuchs, Berger, Haroche, Petit et autres
dans Le Monde en date du
8 mai 2013
Six chercheurs scientifiques,
dont quatre dirigeants d'institutions nationales publiques, sont
intervenus dans un débat capital pour l'avenir de notre pays.
Dans un article en date du 8 mai 2013, ils prônent l’emploi de
la langue anglaise dans l’enseignement supérieur en France.
La langue est un élément
fondamental de l'existence d'une nation, de la cohésion d'un
peuple.
Les signataires de cet article
sont en charge d’institutions dont l’activité est vitale pour
l’avenir de notre pays. Ils ont eux-mêmes bénéficié d'un
enseignement de très haute qualité, dans leur langue maternelle,
payé par la Nation. Pourtant ils participent à une attaque
délibérée contre notre langue nationale, et arguent de leur
position pour refuser aux étudiants d'aujourd'hui le droit à
recevoir ce même enseignement dans leur langue, qui est celle de
leur pays.
Ils prétendent que liberté
serait laissée aux professeurs d'enseigner dans la langue
nationale, alors même qu'ils savent très bien que les textes
élaborés, et les traités européens, pourraient imposer, lorsque
la dernière barrière (la loi « Toubon ») serait détruite, le
passage au tout anglais.
Ils feignent d’ignorer que le
premier but de l'université n’est pas de s’insérer dans un
« prétendu marché international de l'éducation » mais de former
des étudiants français, dont eux-mêmes, et les parents de ces
étudiants et tous les Français, payent les études par leurs
impôts.
Ils omettent la motivation
principale de maints étudiants étrangers, qui viennent en France
pour sa culture, dont sa langue.
Ils se trompent, et leurrent
leurs lecteurs, en prétendant que « passer à l'anglais » pour
singer les universités étasuniennes augmenterait le renom des
universités françaises, alors que le seul effet serait de faire
préférer l'original à la copie.
Ils taisent que de grands pays
(Russie, Chine...) maintiennent tout leur enseignement dans leur
langue nationale. La Chine a décidé récemment de supprimer
l'épreuve d'anglais obligatoire pour les scientifiques, ayant
remarqué que cette obligation « abaissait le niveau » (agence
Xinhua). En effet, la langue est un élément fondamental de la
structure du raisonnement.
Ils dédaignent leurs
compatriotes, car c'est détruire l’égalité que de réserver
l'accès à la connaissance à une minorité élevée dans une langue
étrangère. Leur plaidoyer n’est-il qu’un prétexte pour justifier
d’aggraver la séparation des classes sociales ?
Ils méprisent les citoyens des
pays francophones, dont les études seraient dévalorisées sans
recours, et qu’ils inciteraient donc à se tourner vers
l'anglais. Prétendre qu'imposer l'anglais développerait la
francophonie est une absurdité malhonnête.
Ils glorifient des actes
contraires à la loi, et même à la Constitution, consistant à
imposer – déjà - des cours en anglais, au lieu de proposer des
cours de français aux étudiants étrangers pour leur permettre de
suivre les cours (des cours de mise à niveau leur sont
d'ailleurs refusés). Ces abus maintiennent un handicap permanent
pour ces étudiants lors de leur séjour en France, pendant ou
après leurs études. Ils handicapent aussi les chercheurs
français, forcés de communiquer avec leurs étudiants en anglais,
alors même que ces étudiants ont passé des années en France, et
désiraient parler français.
Ils confondent sciemment
l'enseignement, la recherche, la publication et l’échange oral,
actions diverses dont chacune a ses modalités et ses nécessités
propres. Si l'anglais est utilisé dans la plupart des
communications et des publications (mais pas toujours,
heureusement), le français est, peut et doit rester la langue de
travail pour les chercheurs français. Passer au « tout anglais »
n’entraînerait que destruction et corruption de notre système
d’enseignement et de recherche scientifique.
Est-ce-là leur vœu ?
Enfin ils étalent leurs titres
et de leurs responsabilités, passés et présents, en restant
discrets sur les services rendus aux pays anglophones avec
lesquels ils collaborent régulièrement, et surtout en passant
sous silence qu’ils ne doivent leur formation intellectuelle et
leur carrière qu’à la République, notre institution commune qui
assure la solidarité de tous nos compatriotes.
En science les arguments
d'autorité n'existent pas. Seules la démonstration et la preuve
font autorité.
Dans un débat qui engage tout
l’avenir de notre Nation, l’abus d’autorité n’a pas sa place.
Jacques
Maillard,
71 rue
Bichat, Paris,
Chercheur au
CNRS en Physique des Particules,
le 9 mai 2013
*************************
- le dossier récapitulatif
publié le 12
mai
2013 par le journal La Croix, avec, notamment,
la position de M. Bernard Pivot.
Fioraso, le Dossier La Croix, mai 2013
12/5/13
– La Croix
La langue de Shakespeare bouscule
celle de Molière à l’université
Le projet de loi sur l’enseignement
supérieur doit faciliter le développement de formations
dispensées entièrement dans des langues étrangères dans les
universités et grandes écoles françaises.
L’objectif est d’attirer davantage
d’étudiants étrangers venus de pays non francophones, au
risque de mettre à mal la francophonie, estiment les
opposants à la réforme.
Quand François Taddei s’adresse à ses
étudiants du
Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), y
compris à ses compatriotes, il leur parle de "biology".
L’anglais est utilisé pour tous les cours en master et
doctorat de cet institut universitaire rattaché à la faculté
de médecine de Paris-Descartes, sauf quand l’assistance est
francophone. « Nous avons choisi la langue qui maximise
les possibilités d’échanges, et la langue de travail de la
science, c’est l’anglais, qu’on le veuille ou non, explique
ce biologiste, par ailleurs membre du
Haut Conseil de l’éducation. Pour attirer les
meilleurs professeurs et étudiants, il faut enseigner en
anglais. »
Des représentants de tous les continents
se retrouvent ainsi au CRI. « Nous leur donnons aussi des
cours de français, reprend le directeur du centre. À
l’arrivée, des gens repartent en parlant français et sont
ensuite nos meilleurs ambassadeurs, alors qu’ils ne seraient
pas venus sans un cursus en anglais. »
Un assouplissement de la loi
Toubon
C’est ce genre d’initiative que veut
encourager
Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement
supérieur et de la recherche, dans son projet de loi
étudié à partir de mardi 14 mai par la commission des
affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée
nationale, avant d’être soumis aux députés le 22 mai.
L’article 2 prévoit un assouplissement de la
loi Toubon de 1994 qui spécifie que le français est
langue de l’enseignement en France, sauf « exceptions
justifiées ».
L’ajout de deux dérogations – en cas
d’accord avec une institution étrangère ou internationale ou
dans le cadre de programmes bénéficiant d’un financement
européen – élargira les possibilités d’enseigner dans des
langues étrangères dans le supérieur, tout en sécurisant
juridiquement les filières déjà existantes et simplement
tolérées. Environ 700 formations post-bac sont en effet
aujourd’hui dispensées entièrement en anglais dans la patrie
de Molière, notamment dans les écoles de commerce. La
ministre veut les multiplier pour permettre à des Lyonnais
ou des Marseillais d’étudier en anglais sans s’expatrier et,
surtout, séduire des cerveaux du monde entier dans un
contexte de concurrence planétaire sur ce créneau.
Si l’objectif général est de rendre
l’Hexagone plus attractif et de passer d’un taux de 12 % à
15 % d’étudiants étrangers, la cible est d’abord celle des
pays émergents, à l’image de la Chine et de l’Inde, où les
besoins sont immenses et pas satisfaits. « Ce projet
marque une avancée importante », juge Pierre Tapie,
président de la
Conférence des grandes écoles et directeur général de l’Essec.
« Mais on pourrait aller plus loin, en abrogeant la loi
Toubon », ajoute-t-il. « On devrait avoir la liberté
d’enseigner ce que l’on souhaite dans la langue la plus apte
à s’adapter au public visé, à permettre aux étudiants de
mieux s’insérer dans le milieu professionnel et à faire
circuler les idées et les talents », poursuit Jean-Loup
Salzmann, son homologue de la
Conférence des présidents d’université (CPU), qui défend
également l’article 2 du texte.
Une marginalisation du
français ?
Le patron de la CPU affirme d’ailleurs
clairement que faire de la maîtrise du français un a priori
avant de permettre à un Indonésien de s’asseoir dans un
amphithéâtre parisien relève de la catégorie des « choses
complètement idiotes » : « Si on souhaite vraiment
développer la francophonie, il faut attirer des
non-francophones. Sinon, on ne la développe pas, on la
conforte. » L’argumentaire ne convainc pas les opposants
à la réforme Fioraso qui craignent, au contraire, la
marginalisation du français. Dans leurs rangs, des
personnalités comme Michel Serres ou Jacques Attali,
l’Académie française, le syndicat d’étudiants Uni-Met,
classé à droite, ou l’Union populaire française, un
mouvement souverainiste revendiquant 9 000 signataires à sa
pétition.
Sur ce sujet passionnel, la fronde vient
aussi du camp politique de Geneviève Fioraso. « Quarante
et un députés socialistes ont signé un amendement pour la
suppression de l’article 2, annonce Pouria Amirshahi,
député PS des Français de l’étranger et secrétaire national
de son parti à la francophonie. Le projet Fioraso est une
faute politique, stratégique et culturelle majeure. Le
signal envoyé au monde francophone est absolument terrible.
Les millions de personnes qui se battent pour défendre le
français dans le monde doivent se dirent : « À quoi bon
continuer… »
PASCAL CHARRIER
***
BERNARD PIVOT, journaliste et écrivain
:
« Cette loi est lourde d’orages et de défaites »
Fortement opposé à l’introduction de
cours en anglais à l’université, Bernard Pivot explique la
nécessité de continuer à promouvoir le français dans le
monde.
La Croix : L’anglais comme
langue d’enseignement dans les facs françaises, cela vous
scandalise-t-il ?
Bernard Pivot : Oui, tout à fait,
car je crois, comme Michel Serres, que si nous laissons
l’anglais s’introduire dans nos universités, si nous le
laissons, seul, dire la science et le monde moderne, alors
le français se mutilera et s’appauvrira. Il deviendra une
langue banale, ou pire, une langue morte. En donnant la
possibilité d’enseigner en anglais, la ministre prétend
attirer des étudiants étrangers et faire remonter la France
dans les classements anglo-saxons.
Mais c’est un leurre. Les meilleurs
choisiront toujours d’aller dans les plus grandes facs
américaines et anglaises, tandis que le français, lui, sera
bel et bien mis en péril.
N’y a-t-il pas, derrière ce débat,
une querelle entre « anciens » et « modernes » ?
B. P. : Peut-être que certains,
parmi les plus jeunes, sont moins attachés que nous au
français… Mais je crois que le problème est plus grave. Il
est que nos dirigeants ne sont plus des lettrés, ni des
amoureux du français, comme ils l’ont été autrefois. Je
pense au général de Gaulle, bien sûr, à Georges Pompidou,
mais aussi à François Mitterrand. Ces hommes étaient de
grands lecteurs, des amoureux de la langue, et même des
écrivains capables d’écrire de beaux livres… Ils n’auraient
jamais laissé passer une telle loi.
Mais le français peut-il réellement
résister à l’anglais ?
B. P. : La question ne se pose
pas en ces termes. Que l’anglais soit la langue dominante
dans le monde actuel, c’est logique. Dans l’histoire, à
chaque fois qu’une nation a dominé par son armée, son
économie, ses savants, elle a imposé sa langue. Ce fut le
cas de la France sous Louis XIV. Il ne s’agit donc pas de
jalouser la position de l’anglais. Mais il ne faut pas non
plus se résigner ni se coucher devant lui. À côté, le
français doit continuer de jouer sa partition.
Pourquoi est-il si important, selon
vous, de défendre le français ?
B. P. : D’abord, je n’aime pas ce
terme « défendre ». Il me semble d’emblée pessimiste. Le
français, il faut l’illustrer, le promouvoir, le faire
vivre. Car c’est la langue qui nous a constitués, qui nous a
formés, qui coule de notre bouche et dans nos veines. Même
si l’on parle plusieurs langues, je suis convaincu que notre
dernier mot, au moment de notre mort, sera français. Car
celui-ci est inscrit dans notre âme, au plus profond de
nous. La langue est ce qui constitue, aussi, une nation.
C’est parce que nous avons en commun ce trésor des mots que
nous nous comprenons, que nous écrivons. Les mots sont notre
richesse et marquent aussi notre diversité. C’est formidable
d’avoir parmi nos grands écrivains des Antillais ou des
Africains. Cette loi envoie d’ailleurs un très mauvais
signal à tous ceux qui luttent, dans le monde, au sein des
instituts français, pour faire vivre notre langue. Peut-être
certains ne voient-ils pas le péril qui s’annonce. Moi, je
sens au contraire que cette loi est lourde d’orages et de
défaites.
PROPOS RECUEILLIS PAR FLORE THOMASSET