PREMIER TRIMESTRE 2001 « La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?»   

 Numéro 23

              

Le rapport Durham (1) 

 

Au cours de mes années passées au Québec, lors des inévitables discussions politiques, j'entendais souvent autour de moi l'un des participants citer " Le rapport DURHAM ". J'ai donc pris connaissance de ce fameux rapport, datant de 1838.

Les Français, dans cet ouvrage, étaient presque considérés comme des sauvages, pour le moins comme des arriérés irresponsables.

En voici quelques extraits :


« La conquête les a très peu changés. Les classes les plus élevées ont adopté quelques coutumes et quelques sentiments anglais. Mais la négligence constante du gouvernement britannique laissa la masse du peuple sans aucune des institutions qui l'auraient élevé à la liberté et à la civilisation.
- Ils demeurent une société vieillie et stationnaire dans un monde nouveau et progressif. Essentiellement, ils sont encore Français, mais des Français différents sous tous les aspects, de ceux de la France actuelle.
- Les deux races aussi distinctes, ont été amenées à former la même société dans des circonstances qui inévitablement, faisaient de leurs contacts une occasion d'affrontement.
- Les Français ne pouvaient que reconnaître la supériorité de l'esprit d'entreprise des Anglais. Ils regardent leurs rivaux avec inquiétude, jalousie et enfin avec haine. Les Anglais le leur rendent bien, par une morgue qui bientôt aussi revêt la même forme de haine.
- Les Français se plaignaient de l'arrogance, de l'injustice des Anglais. Les Anglais reprochaient aux Français les vices d'un peuple faible et conquis et les accusaient de bassesse et de perfidie.
- À Montréal et à Québec, il y a des écoles anglaises et des écoles françaises. Les enfants de ces écoles sont habitués à se battre nation contre nation, et les querelles de rues entre garçons présentent souvent la division entre Anglais d'un côté et Français de l'autre.
- Ils sont instruits séparément et leurs études sont distinctes. La littérature familière aux uns et aux autres est celle de leur langue respective, et toutes les idées que les hommes puisent dans les livres viennent de sources totalement différentes.
- Je n'entretiens aucun doute au sujet du caractère national qui doit être donné au Bas-Canada. Ce doit être celui de l'Empire Britannique, celui de la majorité de la population de l'Amérique britannique, CELUI DE LA GRANDE RACE qui doit, dans un laps de temps, être prédominant sur tout le continent nord-américain.
- Les Canadiens-Français ne sont que les restes d'une ancienne colonisation. Ils sont et devront TOUJOURS ÊTRE ISOLÉS AU MILIEU D'UN MONDE ANGLO-SAXON.

 

- Quoi qu'il puisse arriver, que le gouvernement qui sera établi AU-DESSUS D'EUX soit britannique ou américain, ils ne peuvent entrevoir AUCUNE ESPÉRANCE POUR LEUR NATIONALITÉ.
- Ils sont un peuple sans histoire et sans littérature. C'est pour les tirer de cette infériorité que je désire donner aux Canadiens NOTRE CARACTÈRE ANGLAIS.
- Dans ces circonstances, je serais en vérité surpris si les plus réfléchis d'entre les Canadiens-Français entretenaient à présent L'ESPOIR DE CONTINUER À PRÉSERVER LEUR NATIONALITÉ.
- La langue anglaise gagne du terrain, comme le fera LA LANGUE DES RICHES ET DES EMPLOYEURS DE MAIN D'ŒUVRE ».
(Fin des extraits)

En fait, l'idée maîtresse de ce rapport, c'est qu'il n'y avait aucune raison pour qu'avec le temps, de la douceur, de la diplomatie, mais aussi avec de la fermeté et des MESURES NETTEMENT RÉPRESSIVES s'il le fallait, l'assimilation des Canadiens-Français ne s'effectue pas comme prévue.

La supériorité des Britanniques dans tous les domaines était la meilleure garantie de réussite de cet objectif.

Ce rapport, vieux de 150 ans, pourrait malheureusement, par certains aspects, passer pour récent.

En 1867, le Parlement Britannique, par l'Acte de l'Amérique du Nord, reconnaît  LA CONFÉDÉRATION CANADIENNE. Le Canada moderne venait de naître.

En 1976, la victoire historique (provisoire) des Indépendantistes aux élections du Québec, posait immédiatement des problèmes quant à l'avenir du Canada tout entier.

Décidément, il n'y a rien de nouveau. LA LUTTE POUR LA SURVIE DE LA LANGUE ET DE LA CULTURE FRANÇAISE AU QUÉBEC CONTINUE.

 

                           

                           M. Jacques THIERRY (2)
                           (34) Montpellier


 

(1) DURHAM (John George Lambton, comte de) : homme d'état anglais, né à Londres (1792 – 1840) ; il élabora le fameux bill de réforme parlementaire et fut gouverneur du Canada.

(2) M. Jacques Thierry, publie « Opinions - info »
                                                      125, rue du Pré aux Clercs
                                                      34090 Montpellier.

 
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